Contribution de FNE Normandie à l’enquête publique relative à la délivrance d’une autorisation environnementale concernant le projet du « Centre aquatique intercommunal » sur le territoire de la commune de Saint-Pierre-en-Auge

Piscine

12 août 2022

 

Dans un contexte où le dérèglement climatique se fait déjà sentir et à l’heure où la France bat des records historiques de sécheresse, les pouvoirs publics ont le devoir de freiner ce type de projet, consommateur de ressources et dont la plupart de ses aspects ne répond à aucun besoin fondamental, hormis celui de l’apprentissage de la nage.

Que la piscine existante fasse l’objet d’une réhabilitation et que les fonds soient alloués à la rétribution de personnels enseignants dévolus à l’apprentissage de la natation, serait éventuellement une solution plus logique. FNE Normandie déplore, entre autres, que cette alternative ait été écartée sans justifications concrètes.

Rien ne permet de justifier la réalisation d’un tel équipement neuf, coûteux et peu vertueux, tant en investissement qu’en fonctionnement.

Les enjeux liés à l’eau sont partiellement traités, le maître d’ouvrage n’apportant par ailleurs aucune réponse valable aux interrogations critiques de la MRAE. Le dossier indique que le projet est en zone de répartition des eaux (ZRE) induisant des insuffisances chroniques de la ressource en eau par rapport aux besoins. Alors que ce projet s’appuie sur la nappe aquifère pour le pompage destiné à l’alimentation des eaux des bassins et pour le dispositif de géothermie qui a été choisi sur le plan énergétique (au total 3 forages), il ne semble pas prendre en compte ce déséquilibre entre ressource et besoin. Ce déséquilibre sera très probablement aggravé par les conséquences du changement climatique.

Rappelons que le territoire est actuellement en alerte sécheresse. Ainsi dans ce contexte de pénurie d’eau et de tensions préexistantes et réelles sur cette ressource, ce projet devrait être repensé.

Il est également établi dans le dossier que ce projet est « susceptible d’impacter les milieux et en particulier les secteurs à forte prédisposition de zones humides et de zones humides avérées » situées à proximité, avec des « incidences sur l’environnement et la santé humaine ». Des interrogations subsistent sur de « possibles effets en retour du projet sur les captages pour l’adduction de l’eau potable » ainsi que sur les effets des rejets des eaux de vidange sur le ruisseau qui se trouve à proximité.

Aussi, les incidences du projet sur le climat questionnent sur d’autres aspects que celui de l’eau :

  • L’empreinte énergétique

Alors qu’un système d’appoint au gaz a été choisi en complément de la géothermie utilisant l’eau de la nappe par pompage, l’utilisation de panneaux photovoltaïques a été écartée.

  • L’artificialisation des sols

Le projet s’appuie sur un terrain d’assiette de presque 1,7 hectares. Si la surface plancher du complexe est prévue sur l’ancien terrain de football, une bonne partie du terrain d’assiette sera imperméabilisée. 101 places de stationnement sont prévues.

Il est utile de rappeler que la progression des espaces artificialisés a été forte ces dernières années. La consommation d’espaces et l’artificialisation des sols sont reconnues comme un enjeu fort. Il convient de les limiter au regard du rôle environnemental et climatique des sols (protection des écosystèmes ; limitation des inondations et des risques de sécheresse, séquestration carbone, etc.)

  • Les déplacements

Ce centre aquatique amènera une augmentation de la fréquentation habituelle des baigneurs. Le dossier indique que les trajets seront très majoritairement réalisés en véhicules motorisés, induisant ainsi une augmentation des émissions de gaz à effet de serre.

FNE Normandie souhaite enfin rappeler ses inquiétudes sur les effets cumulés de ce projet avec d’autres activités, le problème de fond dans ce secteur demeurant l’irrigation des surfaces agricoles extensives de maïs.

En conséquence, FNE Normandie émet un avis défavorable à ce projet, au vu des incidences directes et cumulées sur les milieux et sur le climat.