Les journaux nationaux se sont alarmés ces derniers jours à propos du cas d’une orque (Orcinus orca) en dérive dans l’Estuaire de la Seine. Après 15 jours d’observation entre le Pont de Normandie et l’Abbaye de Jumièges, son cadavre a finalement été retrouvé le lundi 30 mai. A la suite de son autopsie, les experts ont conclu à une mort naturelle.
Pour autant, la visite de cette espèce n’avait jamais été vécu dans l‘Estuaire, et un tel parcours dans une zone aussi anthropisée nous interpelle. Si les causes de cet événement exceptionnel restent inconnues, elles sont de nature à nous questionner. Et nous incite à être vigilants sur les hypothèses probables de sa dérive (activités humaines, pollution ?). Voir dériver un cétacé hors de son milieu naturel doit nous alerter sur l’état écologique de la Mer. Les activités humaines ont pu avoir un effet sur le sonar de l’orque, et la désorienter considérablement. Comme l’indique le Plan d’actions pour la protection des cétacés du Ministère de la Mer, il est nécessaire de « réduire les pressions anthropiques sur ces cétacés par la mise en place de mesures appropriées ».
Au-delà des causes, l’événement que nous venons de vivre nous paraît symptomatique d’un dysfonctionnement de la gouvernance maritime. Il a fallu attendre 15 jours de dérive d’un mammifère marin pour que la préfecture de Seine-Maritime se décide à agir. La littérature scientifique indique que l’observation d’un mammifère marin de cette taille dans un milieu comme l’Estuaire est rarement synonyme de bonne nouvelle pour son état de santé. Il est incompréhensible que le Plan d’actions pour la protection des Cétacés, mis en place dans la stratégie nationale d’action de la biodiversité en 2018, n’ait pas été déclenché. On peut s’interroger sur l’utilité de tels documents, [1] au regard de leur non-application.
En concertation avec le réseau OML[2] de FNE, FNE Normandie rappelle son plaidoyer pour l’adoption d’un Document stratégique de façade plus soucieux de la biodiversité, qui tient compte de l’impact des activités humaines sur la faune sous-marine. L’environnement marin est une richesse que nous nous devons de préserver, et l’Etat a la responsabilité et le devoir d’intervenir !
Le réseau de FNE Normandie
07.54.38.38.33
[1] Action 43. du Plan biodiversité consacré à la protection des cétacés marins.
[2] Océans, mers et littoraux